J’ai simule la maladie mentale pour echapper au service militaire

J’ai simule la maladie mentale pour echapper au service militaire

C’etait a Paris au debut des annees 90.

J’etais monte specialement a Notre capitale depuis ma province natale pour votre rendez-vous clandestin au pied tout d’un immeuble.

On etait sept ou huit, jeunes gars en age d’effectuer le service militaire – qui a l’epoque est obligatoire. On ne se connaissait nullement, mais on avait les memes motivations : tomber sur, grace a votre reunion illegale, un moyen de se faire reformer sous un pretexte fictif.

Notre psychiatre qui a recus sites de sexe est une vieille dame depuis longtemps a la retraite. Ce que j’avais appris d’elle lui conferait une stature presque legendaire. On disait qu’elle est dans l’antimilitarisme militant depuis la guerre d’Algerie, qu’elle y avait perdu un fils et que, depuis, elle reglait ses comptes avec l’Armee. Je ne savais pas si j’ai ete vrai et je n’ai pas cherche a le savoir. C’etait Il existe vingt-cinq annees, celle-ci a bien eu le temps de mourir depuis.

Notre psy avait une petite reputation, et nullement seulement dans les milieux militants. Par consequent, impossible de compter sur cette dernii?re pour un certificat de complaisance. Se pointer a la caserne avec 1 papier signe de sa main, c’etait l’assurance de se retrouver en regiment disciplinaire. Pas d’ordonnance bidon en vue : si on etait la, j’ai ete Afin de des travaux pratiques. Comment s’y prendre pour se Realiser reformer pour des motifs psychiatriques ? Comment Realiser Afin de passer pour votre fou aux yeux d’un professionnel ?

“La medecine et le devoir”, dessin comptables paru dans The Listening Post, No. 27, 10 aout 1917. Image : Bibliotheque Hartland-Molson, Musee canadien une guerre.

J’ai seance etait collective.

Nous etions l’ensemble de reunis dans une meme piece, repartis entre canapes et chaises. Notre psy a commence une demonstration bien a trac, sans preliminaires ni tour de chauffe. C’etait une vieille dame cassante, petite et un tantinet forte, avec une voix eraillee et un ton peremptoire. Ses avis et diagnostics etaient sans appel, et surtout ils etaient enonces sans menagement. Chacun en a retourne pour le compte. C’etait formateur, incontestablement utile, mais pas du tout agreable.

Elle nous a demande a tour de role de nous presenter en certains mots, de decrire notre personnalite et nos motivations Afin de ne pas faire le service militaire. A partir de ce qu’on lui disait, elle partait aussitot au sein d’ une interpretation psychologique improvisee de ce qui venait juste d’etre dit. Elle detournait nos propos pour les faire apparaitre sous le pire jour possible, y debusquant le complexe et Notre nevrose, exultant quand celle-ci flairait une piste de psychose, dressant necessaires de nous un portrait caricatural et blessant. En deux coups de pinceaux, elle faisait de nous des malades mentaux.

C’etait bizarre et derangeant de l’entendre nous balancer, tous a son tour, des horreurs a la figure. Malgre moi, je dois bien avouer que J’me reconnaissais dans votre image de moi deformee qu’elle me crachait au visage, tel on se reconnait dans un miroir deformant. C’etait moi, mais un moi fictif, monstrueux.

A l’epoque, l’Armee se fichait eperdument qu’un appele soit homosexuel. L’homosexualite n’a pas empeche personne de tenir un fusil ainsi que marcher au gui?re.

Au premier d’entre nous, elle a jete qu’il n’etait qu’un homosexuel refoule, « un petit pede honteux ».

C’etait pour ca qu’il se montrait distant avec les meufs et bagarreur avec les garcons. Cela se castagnait bien le temps parce qu’il n’acceptait gui?re d’avoir envie de coucher avec des hommes. Alors il nos provoquait, il choisissait de se battre, il preferait cogner et prendre des coups plutot que de sodomiser ou d’etre sodomise, pour plus se persuader de son rejet de l’homme en tant qu’objet de desir, et en meme temps que concernant affirmer sa virilite de « grand male ». Il canalisait sa violence dans la querelle plutot que dans le sexe, parce qu’il n’acceptait pas le homosexualite. Et il etait terrorise a J’ai perspective de se retrouver toute une annee dans l’univers strictement masculin d’la caserne, a dormir dans des chambrees et a prendre des douches collectives. Cela ne pourrait gui?re donner le change jusqu’au bout, tonnait ma psy, il allait peter les plombs et risquer de tuer quelqu’un.

Je n’oublierai jamais la tete du mec en question, meduse devant la violence des propos. Tout votre propos etait faux, naturellement. Manque absolument faux non plus, mais completement exagere. Le mec parlait de maniere un tantinet seche, sans doute pour conjurer sa timidite, mais il n’avait jamais evoque que celui-ci passait son temps en bagarre. Il avait fait allusion a une relative indecision quant a le identite sexuelle, mais sans dire qu’il etait distant au milieu des filles. Neanmoins, le jeu intellectuel d’extrapolation auquel jouait J’ai psy etait de la justesse deconcertante et fascinante. L’echafaudage psychanalytique qu’elle elaborait en direct a partir des des phrases informations comme grain a moudre, cette construction habile d’une pathologie a partir d’indices detournes, etait Notre demonstration par l’exemple de la methode a suivre.

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